Dans le contexte actuel, il est important de prendre un peu de recul. A lire attentivement, tout est dit.
La loi sur les retraites n’est toujours pas connue. Je crois bien maîtriser ce dossier. De ma vie, je n’ai jamais entendu autant d’approximations, de mensonges (simulateurs bidons et autres) et d’erreurs factuelles (entre autres sur les affreux systèmes à points qui fonctionnent pourtant bien en France depuis 1947 grâce à tous les syndicats – Cgt et fo compris).
Je comprends bien que ceux qui ont programmé depuis de longs mois cette manifestation pour s’opposer à toute réforme systémique cherchent à mobiliser un maximum. C’est leur droit comme c’est un choix honorable pour chacun d’aller manifester ou pas, de faire grève ou pas. Mais, je m’interroge sur le besoin d’utiliser autant d’arguments malhonnêtes, de susciter autant de peurs, d’annoncer des choses totalement fantaisistes. Mais voilà, le gouvernement divisé sur le fait ou non d’annoncer des économies qui me paraissent inutiles, à laissé ce trouble s’installer. Il tente d’opposer les travailleurs les uns aux autres avec une stigmatisation insupportable des agents des régimes spéciaux. Il porte une énorme responsabilité. Je me demande jusqu’à où il ne cherche pas cet affrontement (comme Sarkozy en 2010). Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que ceux qui s’opposent, par principe, à une réforme systémique acceptent les terribles inégalités que nos régimes produisent à chaque fois que les décalages d’âge ou de durée percutent ceux qui ont le plus de mal à avoir leurs trimestres, ceux qui ont cotisé à plusieurs régimes, qui subissent là pénibilité, les femmes et les précaires.
Si cette réforme systémique ne se met pas en place avec des mesures de justices sociales telles que la cfdt les a demandées, ne vous faites aucune illusion, la prochaine réforme sera paramétrique et donc injuste. Avec d’autres, j’ai tenté d’éclairer avec mes connaissances et mes modestes moyens les enjeux. La cfdt comme à son habitude a fait une communication précise, pédagogique et respectueuse des femmes, des hommes, des idées et des faits. Ses dirigeants ont été clairs et très courageux. Mais voilà, les temps sont dans notre pays aux hystéries collectives. Les annonces de mauvaises nouvelles, même lorsqu’elles ne sont pas avérées, s’entendent mieux et se partagent mieux que les paroles rationnelles. Je suis certain que le bon sens va l’emporter.
Certains se moquent du dossier des retraites et veulent simplement exacerber les tensions, susciter la violence, défier notre démocratie. Ce n’est évidemment pas le cas des dizaines de milliers de militants sincères de toutes sensibilités que je respecte profondément (ceux qui me connaissent le savent !) mais tous les débordements que d’autres vont chercher à provoquer vont servir à ceux qui adorent l’ « ordre » et détestent le dialogue social apaisé, la recherche de solutions concrètes.
J’espère que le débat sur les retraites ne va pas finir comme ça et que nous allons revenir à ce qui est indispensable. L’argumentation rationnelle, les propositions, la controverse démocratique et, comme toujours, le compromis. Ce mot si décrié qui est pourtant le fondement d’une société démocratique et du savoir vivre ensemble de toute communauté humaine. Les autres modèles de société où les « pures vérités » ont triomphé ont toujours basculé vers les totalitarismes de droite ou de gauche. Heureusement, on n’en est pas là.