Le projet de Flex-office expérimenté au printemps au sein de la Direction Marketing et Services d’Archipel est désormais en vigueur. Ce nouveau mode de travail très largement décrié par les récentes études sur le sujet a pourtant été privilégié par notre direction. Une certaine amnésie au regard des engagements pris lors de l’aménagement à Nanterre garantissant un poste de travail à chaque salarié…
LE CONTEXTE :
Sans consultation préalable du CSE tel que prévu dans le code du travail, nous avons appris lors de la CSSCT du 21 février 2023 qu’une expérimentation de Flex Office avait été lancé au sein de la Direction Marketing et Services de Nanterre (DMS), le 6 mars 2023.
Les élus ont alors rappelé les règles obligatoires d’information/consultation du CSE pour tout projet d’aménagement modifiant les conditions de travail (durée, information des salariés, nombre de salariés concernés, organisation projetée, critères d’évaluation de l’expérimentation) et demandé l’élaboration d’un questionnaire à adresser aux salariés concernés.
L’expérimentation a ainsi donnée lieu à une phase d’information/consultation à la suite de laquelle les élus ont pu se prononcer.
LA POSITION DE LA CFDT :
Pour la CFDT la mise en place de toute nouvelle forme d’organisation du travail est à prendre avec d’énormes précautions.
Concernant le Flex-office les retours d’expériences d’entreprises ayant adopté ce mode de travail, sont sans appels : une démarche purement économique et/ou logistique (gain de place) est vouée à l’échec.
Parmi les études récentes, rares sont les heureux de cette mutualisation de l’espace de travail (d’après une étude réalisée par Essec Workplace Management en juin 2021, seuls 4% des salariés se disaient favorables au Flex-office, jugeant ce mode de travail impersonnel, peu hygiénique et synonyme d’isolement).
Dans un article du 14 avril 2023, Le HuffPost a interrogé des salariés et des psychologues du travail et recueilli leurs réponses. Le facteur de stress ressort majoritairement :
– Le stress, de ne pas trouver un poste le matin :
« Tous les postes de travail ne se valent pas. Cela dépend de l’endroit où ils se trouvent, du bruit alentour, de leur isolement… Dans ce cas, cela peut créer un stress important, avec une logique de ‘premier arrivé, premier servi’ et des salariés qui vont arriver le plus tôt possible pour s’assurer une place près de leur équipe dans de bonnes conditions… Voire pour avoir une place tout court, et ne pas avoir à rentrer chez eux faute de place. »
– Le stress, de ne pas faire correctement son travail :
« Si votre environnement de travail ne correspond pas à ce qu’on attend de vous, cela génère des difficultés à faire son travail, et donc à répondre aux attentes de son employeur. C’est très stressant »
– Le stress, de ne pas travailler dans les bonnes conditions :
« Les corps et les manières de se tenir pour travailler sont tous différents, donc je tiens à ma manière d’optimiser mon petit mètre carré, avec un fauteuil et des écrans réglés à la bonne hauteur pour ne pas avoir mal au dos. En flex-office, ce serait une perte de temps de refaire ça chaque jour à une place différente. »
– Le stress, d’avoir à déplacer continuellement ses affaires :
« Ca me prive d’« un tapis de souris coloré, d’un mug assorti… Ça n’a pas l’air, mais ça fait du bien. Je n’aime pas ranger mes affaires dans un casier tous les soirs et ne pas avoir de place fixe. »
– Le stress, de ne pas se sentir considéré :
« Mon bureau, c’est un îlot de ‘chez moi’ au travail, pas un espace comme un autre dans l’entreprise. C’est important, j’y passe quand même trois jours par semaine. Ne pas avoir ce petit espace à moi est déprimant et usant »
L’expérimentation menée à Nanterre, nous amène malheureusement à penser que cette nouvelle manière de concevoir les espaces de travail au sein de notre entreprise se fait dans une simple logique de rationalisation économique au détriment de l’humain.
Une réflexion plaçant les salariés au cœur de la formule aurait dû être envisagée dès le départ.
Les aménagements destinés à favoriser la créativité des services et permettre aux équipes de collaborer plus facilement peuvent conduire à des effets bénéfiques, à condition notamment que l’espace de travail sous entièrement repensé, que les besoins des salariés soient traités au cas par cas (prise en compte des métiers, de l’ergonomie des postes …) et que le tout soit encadré par des règles précises de déploiement du télétravail.
Malgré les résultats de l’enquête, nous déplorons qu’aucune concertation n’ait été engagée avec les organisations syndicales au préalable.
« Le travail, ce n’est pas seulement ce qu’on produit pour le poste, c’est aussi des histoires, des liens avec les personnes autour de nous »
Le Flex-office va-t-il donc, dans la lignée de son prédécesseur l’open-space, continuer à créer des espaces de travail impersonnels et sans intimité ?
POUR RAPPEL :
« Les élus du CSE-E Directions Support ont donné un avis défavorable au bilan social 2022 en soulignant, l’incompréhension de voir apparaître dans les dépenses consacrées à l’amélioration des conditions de travail les coûts de création des open-spaces et autre Flex office qui dégradent au quotidien la qualité de vie au travail des salariés concernés. »
L’AVIS DES ÉLUS :
L’ensemble des élus du CSE-E de Directions Support ont ainsi donné un avis défavorable à la mise en place du Flex-office au sein de la Direction Marketing et Services de Nanterre (DMS) et plus généralement de toute autre direction.
LE SUIVI DE LA CFDT :
Malgré l’avis défavorable rendu par les élus à la suite de la phase de consultation, la direction a tout de même déployé le Flex-office pour les équipes de la Direction du Marketing et de Services d’Archipel. Consciente des impacts d’un tel mode d’organisation sur les conditions de travail, la CFDT restera extrêmement vigilante sur la mise en œuvre et le suivi de cette nouvelle forme régressive de travail au sein de notre entreprise, en veillant notamment :
- Aux engament pris par la direction sur l’évolution du dispositif en cas de recrutements importants ;
- A la mise en place d’une nouvelle enquête à 1 an associant étroitement les organisations syndicales ;
- A la réversibilité partielle ou totale du dispositif en fonction des retours des salariés ASF concernés.